Fiche documentaire
Mais le Préfet passe outre et signe un arrêté favorable le 4 février 1888. Ce dernier précise: "La vitesse en marche ne dépassera pas 20km/h en rase campagne et 8km/h dans la traversée des lieux habités. Le mouvement doit également être ralenti, ou même arrêté, toutes les fois que l'approche de la locomotive, en effrayant les chevaux ou autres animaux, pourrait devenir une cause de désordre ou occasionner des accidents.
Pendant la nuit, la machine portera à l'avant un feu rouge et à l'arrière un feu vert. Ces feux devront être allumés une heure avant le coucher du soleil et ne pourront être éteints qu'une demi-heure après son lever. Le machiniste devra se ranger à sa droite à l'approche de tout autre voiture, de manière à laisser libre la moitié de la chaussée." Finalement, le Colibri fonctionne plutôt bien et un certain M. Bernard, propriétaire d'un domaine Route de Champagne, s'y intéresse. Après avoir demandé au constructeur de le transformer en locomotive en ajoutant une seconde roue à l'avant, M. Bernard l'achète pour le faire circuler sur des rails dans son parc…
Mais l'aventure industrielle de l'inventeur du Colibri ne s'arrête pas là. En 1894, il installe un atelier de mécanique générale et d'installation électrique au 157 de la rue Moncey, dans lequel il construit les cycles "Jeanne d'Arc". Le succès aidant, l'entreprise opère un premier transfert, en 1907, rue Corne du Cerf et un second, en 1921, rue Audibert et Lavirotte. Son activité se spécialise ensuite dans la production de moteurs électriques, d'une puissance allant jusqu'à 1100ch. En 1954, l'entreprise prend le nom de Société Anonyme des Moteurs Patay.
Et le Colibri? Il a été acquis par la Compagnie des Eaux pour transporter des matériaux lors de la construction de l'usine du boulevard de Pommerol. Charles Patay, fils de Marius, l'a racheté quelques années plus tard aux Etablissements Weitz pour lui offrir une place d'honneur à l'entrée de la Société Patay. En 1985, André Patay a cédé la petite locomotive à la Fondation Berliet. Après restauration, la machine a été classée Monument Historique en 1994, preuve de la qualité du travail et de l'inventivité de Marius Patay, un siècle plus tôt.